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À travers cette page, vous aurez accès à l’ensemble des approches dont deux que j’ai élaborées (Hypnothérapie multiréférentielle ®, MAH®) ainsi que les autres outils dont je dispose, et qui me permettent de m’ajuster du mieux que je peux aux différents patients, sachant que l’ajustement, qui intègre l’alliance thérapeutique, est une caractéristique prédictive de « l’efficacité » thérapeutique.
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ETYMOLOGIE
Etymologiquement, le mot addiction[1] (Glover, 1932) est un mot du roi romain, dérivant du nom latin » addictus » qui signifie « esclave pour dette », qui se traduit par « donner un ou plusieurs esclaves, ou encore se donner en esclavage pour régler une dette entre romains ». En effet, les romains donnaient le corps de leurs esclaves en monnaie d’échange.
Le terme addictus est ainsi utilisé en France et en Europe occidentale jusqu’ au Moyen Âge dans un contexte juridique : il signifiait l’arrêt d’un juge autorisant un plaignant à disposer à son profit de la personne du débiteur défaillant pour payer sa dette. C’était donc une contrainte par corps et ce dernier était rendu quand les dettes avaient été remboursées. C’était une forme d’esclavage. Il persiste encore de nos jours une forme mineure appelée la contrainte par corps. Disparu de la langue française, il réapparaît dans la langue anglaise sous la forme du verbe « to addict » qui signifie s’adonner à, et désigne l’assuétude ou une forme de la pharmacodépendance à une drogue avec asservissement, engendrant un état de besoin impérieux avec dépendance psychique, et, de plus, souvent physique, que nous traduisons habituellement sous le vocable français de toxicomanie. Le toxicomane est un « drug addict » en anglais, qui est d’ailleurs à différencier d’un « drug user », usager de drogue.
Chronologiquement, le terme d’addiction a d’abord répondu au souci de retranscrire certaines observations cliniques, en particulier dans le champ de la psychanalyse. Otto Fénichel, en 1945, évoquait, pour la boulimie, l’idée d’une toxicomanie sans drogue. Mais le vocabulaire de la psychanalyse de (Laplanche, Pontalis, 1967) n’a pas retenu le terme dans la mesure où il s’agit d’une conduite ou de l’expression d’un dysfonctionnement psychique qui se manifeste sur le registre du comportement. Durant la fin des années 70, lors des séminaires de réflexion organisés par le Centre National de Documentation sur les Toxicomanies (CNDT), l’addiction est retenue comme un des termes caractéristiques de la toxicomanie ou pharmacodépendance, associés aux effets sensibles, la transgression, la compulsion ou répétition, l’extériorité et l’auto utilisation. Ainsi donc, l’intégration de l’addiction doit beaucoup à l’approche psychanalytique et le Professeur Reynaud le rappelle dans un article du « Courrier des addictions » (Reynaud, 2000). Cependant, c’est plutôt les comportementalistes et l’usage du DSM III puis IV qui vont en donner les contours descriptifs. Goodman (1990), en dressera les caractères inclusifs principaux autour d’une conduite commune qui regroupe des pathologies avec ou sans substances psychoactives, associée à une perte du libre arbitre et l’aliénation sur et dans le corps.
La notion d’addiction est donc d’introduction, ou de réintroduction, récente dans notre vocabulaire et nous devons cette réintroduction à Paul Fenichel, puis Joyce Mac Dougall, psychanalystes français, qui proposeront le concept d’addiction et l’utilisation du mot dans les années 80. Cette dernière (1982), justifiera l’utilisation de ce terme par son origine étymologique : « J’ai choisi le terme anglais d’ »addiction », plutôt que son équivalent français de « toxicomanie « parce qu’il est plus parlant d’un point de vue étymologique. » Addiction « renvoie à un état d’esclavage, donc à une lutte inégale du sujet avec une partie de lui-même, tandis que la toxicomanie indique un désir de s’empoisonner. Or telle n’est pas la visée originelle du dit » toxicomane ». »
Enfin, Jean Bergeret (Le Poulichet, 2000), s’est aussi inspiré de cette étymologie pour rendre compte de la double dimension de l’addiction, à la fois économique et psychogénétique de la vie psychique consciente et inconsciente de l’individu.
[1] C’est en 1932 que Glover introduit le terme addiction à partir des études axées sur l’étiologie des addictions, terme repris en français par toxicomanies.
DEFINITIONS
Il est possible de comprendre la question sous différents angles conceptuels. Ainsi Pierre Fouquet, Claude Olievestein, en ont une compréhension élargie, avec pour le premierune définition de la dépendance, qui même si elle est rapportée à l’alcool, mais néanmoins extensible à l’ensemble des produits et/ou comportements, reste incontournable : « Est alcoolique tout homme (ou femme) qui a, en fait, perdu la liberté de s’abstenir de consommer de l’alcool » (Descombey, 1994). Pour le second, elle est « la rencontre d’un produit, d’une personne et d’un moment socioculturel » (Olievenstein, 1988). Elle résulte de l’interaction entre trois pôles : les facteurs individuels, de vulnérabilité et de résistance (génétiques biologiques, psychologiques, psychiatriques), les facteurs d’environnement, familiaux (fonctionnement familial, consommation familiale), sociaux (exposition : consommation nationale, par âge, sexe, groupe social marginalité), les copains et les facteurs de risque liés au produit/comportement (dépendance, complications sanitaires psychologiques et sociales, statut social du produit/comportement)
Goodman, dont beaucoup d’auteurs s’inspirent, à travers une approche comportementale, rend compte de la complexité du concept d’addiction, en s’intéressant tant aux aspects physiques que psychiques (Fernandez, Catteuw, 2002). Ainsi, pour celui-ci, l’addiction est un « processus dans lequel est réalisé un comportement qui peut avoir pour fonction de procurer du plaisir et soulager un malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son contrôle et sa persistance malgré des conséquences négatives significatives » (Goodman, 1990 ; Pedinelli, et al., 2000).
Classifications internationales des maladies DSM V, CIM 10
Si beaucoup de définitions existent, néanmoins, les classifications des DSM V et CIM 10 n’en donnent actuellement pas. Le terme addiction n’y est d’ailleurs pas utilisé. C’est celui de « troubles de l’usage lié à une substance », et non plus usage, abus (usage nocif), dépendance (DSM-IV) qui ont disparu, qu’il regroupe, et qui est employé. Y sont déclinés les critères et autres signes permettant de l’évoquer. Le jeu pathologique rentre désormais dans cette catégorie, ainsi que la notion de craving, et les sevrages au cannabis et à la caféine.
Cependant, les critères diagnostiques, sont quasi identiques à ceux de l’abus de substance et de dépendance du DSM-IV combinés en une seule liste, à deux exceptions près :
Ainsi, au titre de l’abus (usage nocif), mode d’utilisation inadéquat avec altération du fonctionnement ou une souffrance cliniquement significative sur douze mois au moins, incapacité de remplir une obligation majeure, utilisation répétée même si cela est dangereux, utilisation malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux. Les problèmes judiciaires liés ont été retirés, Selon la CIM 10 : consommation qui donne lieu à des dommages somatiques, psychoaffectifs ou sociaux.
Et au titre de la Dépendance : tolérance, syndrome de sevrage, consommation souvent en grande quantité, temps considérable pour l’acquisition et la récupération des effets, abandon ou réduction d’activités sociales, occupationnelles ou de loisir, poursuite de l’utilisation de la substance malgré la connaissance d’un problème physique ou psychique persistant ou récurrent déterminé ou exacerbé par la substance. Selon le CIM 10 : troubles persistants au moins un mois, désir puissant compulsif d’utiliser la substance, difficultés de contrôle de la substance, syndrome de sevrage à la diminution ou l’arrêt, tolérance manifeste, abandon progressif d’autres sources de plaisir ou d’intérêt, poursuite de la consommation malgré la survenue de conséquences manifestement nocives.
Du coup, la définition de l’usage (usage unique, simple, peu fréquent, etc.… jusqu’à l’usage abusif et la dépendance …) n’est pas davantage donnée dans le DSM-V et n’est pas simple à résoudre. Cependant, il ne faut oublier qu’un usage unique, sans abus ou dépendance associée peut être l’occasion de complications multiples tant somatiques (organique, toxicologique) que psychique (principalement Cannabis et de nombreux psychodysleptiques (amphétamines, cocaïne, LSD, Kétamine, Phencyclydine, GammaOH…).
Ces définitions ont le mérite de ne pas tenir compte de la qualité de la substance et s’articulent autour de la notion fondamentale de la dépendance. Cependant d’autres éléments cliniques spécifiques méritent d’être signalés.
L’addiction ou plutôt les addictions (au pluriel) regroupent des conduites avec ou sans substances psychoactives. Les toxicomanies et l’alcoolisme forment le noyau dur des « ponts » communs sur les approches théoriques, cliniques et thérapeutiques. Les associés directs sont le tabagisme, l’anorexie (un peu) et la boulimie (surtout), le jeu pathologique, la potomanie. Les associés rattachés par l’expression d’un lien compulsif/répétitif, avec le travail, le sexe, la télévision, internet, le « jogging » forcé ou efforts extrêmes pour aboutir à l’euphorie du dépassement de la sensation d’épuisement physique par le déclenchement d’une invasion cérébrale d’endorphines analgésiantes et anesthésiantes. Les associés transversaux, comme les tentatives de suicides à répétition, les automutilations dont les injecteurs, la kleptomanie, la pyromanie, les achats compulsifs, mais aussi tous les substituts de la masturbation où se jouent l’incorporation, la pénétration, l’accumulation d’objets dont le collectionnisme, la mise en tension pour tenter d’atteindre l’acmé du plaisir avec prise de risques compulsifs (le saut à l’élastique, l’escalade des gratte-ciel).
L’approche comportementale
Elle se fonde essentiellement sur les définitions de Goodman, qui en 1990, dresse les critères d’inclusion de conduites addictives avec ou sans substances psychoactives. Il s’agit d’une approche qui s’intéresse au comportement. Ce dernier doit produire du plaisir, soulager un malaise dû à une mise en tension perturbatrice. Il y a perte du contrôle de la part du sujet avec un emballement répétitif dont le sujet est conscient et impuissant à l’interrompre. Les effets négatifs sont connus du sujet. Il peut exister des troubles relationnels, sociaux, médicaux, affectifs directement en rapport avec le comportement.
L’approche psychodynamique ou psychanalytique
En 1945, Fénichel (1979) introduit la notion de toxicomanie sans drogue pour la boulimie. Il y a régression pulsionnelle du désir au besoin avec évitement du vécu du manque. La compulsion est présente dans un engrenage comportemental. Il peut y avoir incorporation d’un objet dans le corps qui ne trouve pas sa place dans l’espace psychique (mode défaillant, défectueux). Il existe une souffrance indicible. Le symptôme exprime les difficultés du sujet dans la séparation /différenciation / individuation, il est le témoin d’un lien de dépendance à la « mère » qui ne peut s’élaborer selon des termes psychiques. Il y a une diminution des assises narcissiques (dépressivité) avec défaut de constitution de la dette symbolique. La conduite ordalique (où l’ordalie est une méthode ancienne du jugement par l’épreuve du poison, le coupable est le mort, la victime est le survivant) tente de répondre à la question de l’origine (épreuve relative à la paternité, le sujet est en quête du nom du père dans une logique de filiation symbolique illusoire). La transgression de la règle, de la loi sociale ou de la loi symbolique est particulièrement présente.
L’approche systémique
Environnementaliste et interactionniste, le sujet est le porteur de symptôme, focalisant sur lui le rôle de bouc émissaire (Albernhe, K., Albernhe, T., 2008). Les messages transmis à l’intérieur du système familial sont à double entrée, une explicite, une implicite cachée et contradictoire de l’autre (le double lien). Il existe dans le système un traumatisme initial ou un conflit nécessitant l’expression d’un sacrifice par un porteur spécifique d’une souffrance indicible qui ainsi libère les autres membres du partage de cette souffrance.
L’approche neurobiologique
C’est le système dopamino-centré (Brust, 2007) de la récompense. Le noyau accumbens dans l’hypothalamus est positionné comme l’ordonnateur principal du symptôme. Les neurosciences tendent à focaliser le rôle primordial du circuit dopaminergique qui donne à la substance grise des informations excessives et illusoires sur le registre du tout va bien alors que tout va mal en toute objectivité dans l’enceinte du sujet. La neurobiologie renvoie à la notion d’homéostasie chère à Claude Bernard, mais aussi à la mémorisation des processus expérimentés.
L’approche psychosociale (Odou, 2005). Elle reprend la notion d’anomie de Durkheim de dévalorisation narcissique. Prévaut la solution médicamenteuse ou comportementale compulsive à la défaillance de l’avoir et du plaisir ou de la satisfaction dans un contexte d’individualisme exacerbé et de modélisation uniforme des sujets sociaux. Le stress de la vie quotidienne intervient comme un facteur prédictif de l’usage ou du déclenchement des effets de substances favorisant l’émergence du plaisir apaisant et donnant l’impression de l’appartenance aux représentations les plus nobles de notre société.